Nos Héros de cendres

Réécriture d’après Titus Andronicus de William Shakespeare

 

À quel prix sommes-nous des héros ?

A ceux qui survivent, que l’état nous accorde son amour en récompense. Que les autres reçoivent les honneurs, victimes pour leur patrie. Ordre ! Règle ! Forme !

William Shakespeare Titus Andronicus

Dates à venir

  • Création : 2019
  • Première sortie de résidence : 14 Avril 2018 – Espace Jacques Brel de Romainville à 19h30

Calendrier 

  • Septembre-Décembre 2016 : Phase d’exploration « Réecriture de Titus » avec une classe à horaire aménagée Arts du Collège Courbet (Romainville)
  • 2017-2018 : Première résidence d’exploration et de réécriture à l’Espace Jacques Brel de Romainville à 19h30

Durée

  • 2h (susceptible de modification)

Public

  • À partir de 16 ans

Équipe

  • Comédiens : Cyril Gueï, Bryan Polach, Mélina Bomal, Hakim Djaziri, Romain Blanchard, Lisa Hours, Aurélien Chaussade
  • Avec la participation d’un groupe d’amateurs
  • Ecriture et Mise en scène : Catherine Decastel
  • Dramaturgie : Armèle Bossière
  • Collaboration historique et philosophique : Niels Boissonet
  • Création lumières : Christine Mane

Coproduction et partenariats

  • Conseil départemental de la Seine Saint-Denis
  • ARCADI
  • Ville de Romainville
  • Ville de Montreuil
  • Comme Vous Emoi

L’histoire

D’après William Shakespeare, Titus Andronicus est un Héros national, un Héros de guerre. Il rentre victorieux de dix années d’une guerre sanglante, ramenant avec lui Tamora, Reine des Goths ainsi que ses fils et sa suite. Après avoir découpé et brulé l’un de ses fils, cette dernière deviendra l’épouse de l’empereur et décidera de se venger à son tour, mettant sur pied le viol et la torture de Lavinia, la fille de Titus, l’assassinat de son mari Bassianus et des fils de Titus. Débutera alors une escalade de vengeances en vengeances entre Titus et Tamora.

Note d’intention

Titus Andronicus questionne la figure du Héros de guerre. Lorsque Titus rentre victorieux avec des « prisonniers », Rome l’acclame. Pourtant, l’histoire de sa victoire est construite sur ce que l’on pourrait juger aujourd’hui comme des crimes de guerres. La violence décrite par Shakespeare est fulgurante :  « Donnez-nous le plus fier des prisonniers goths que nous lui hachions ses membres, et que, sur un bûcher, nous les offrions en sacrifice. »

Tout apparaît dans ce théâtre de l’horreur comme gratuit, sanglant, et la vengeance qui se met en place pourrait sembler légitime si elle n’était pas aussi cruelle.

A l’heure du terrorisme, des guerres préventives, des affrontements idéologiques entre Orient et Orient, il est plus que jamais difficile de se positionner. Les uns pillent, les autres se vengent et ainsi de suite…  Que dire de L’Irak, de la Syrie, de l’Afghanistan, de l’Est du Congo, du Mali, de l’Ukraine, de la Russie, des Tchéchènes, etc. etc. etc…  Chacune de ces situations réunit des dénominateurs communs : l’honneur, le désir de vengeance, la répression comme des réponses sécuritaires d’une part et comme modalité de rassemblement populaire ou communautaire d’autre part.

L’adaptation / La mise en scène

Il s’agit donc pour moi d’écrire une adaptation au regard de cette question d’actualité :  « Qu’est-ce qu’un héros de guerre ? », « Comment et pourquoi un crime devient-il un acte d’héroïsme ?»  La violence engendre la violence.  « Comment les médias retransmettent-ils les faits ou la propagande de la raison d’état, ou tout autre raison idéologique ?»

Cette adaptation se fixera sur ce que l’on regarde, sur comment on le regarde et tentera de passer au-delà de la barrière du politique pour regarder les Hommes qui la composent.

Car si Titus est capable de mille horreurs sur ses ennemis, il pleure et réclame justice lorsque sa fille et ses fils sont attaqués. La chair n’a-t-elle de valeur que lorsqu’elle est la sienne ?

C’est une écriture autant brute, acerbe que distanciée que je recherche, mêlée à des documents d’information, des matériaux non théâtraux qui viendraient s’entrechoquer pour révéler l’absurdité de la mécanique.  C’est l’énergie du désespoir d’un tourbillon sysiphien dans lequel l’Histoire est oubliée au profit de quelques gains individuels à courts termes au nom d’un bien collectif soi-disant plus précieux, pour lequel l’humain est sacrifié.

Soyez les bienvenus au retour de cette heureuse guerre, vous qui survivez et vous qui dormez dans la gloire. Beaux seigneurs, vous avez eu un égal succès, vous tous qui avez tiré l’épée pour le service de votre patrie ; mais les vrais triomphateurs sont les héros de cette pompe funèbre qui ont atteint au bonheur de Solon, et triomphé du hasard dans le lit de l’honneur

William Shakespeare Titus Andronicus

La participation des amateurs

La question de la représentation de la violence dans notre société émerge dans cette création. Cela m’interpelle en particulier dans une perspective citoyenne, humaine et mondiale pour créer de nouvelles zones de possibles, de réponses, d’utopies.  C’est pourquoi, j’aimerais réaliser un travail sur le regard des habitants, recueillant et mettant en partage leurs rêves et leurs révoltes personnelles autour du traitement journalistique des guerres et des violences du monde. On ne souhaite pas entrer dans les points de vue idéologiques. La compagnie s’intéresse à l’irruption de la violence dans notre quotidien au point que nous sommes désensibilisés.   Un dialogue s’inventerait autour de la représentation de la violence, ses notions et ses symboliques autour des paroles des amateurs.

Il s’agit de mettre en scène le peuple tant celui de la pièce de Shakespeare que celui de notre société contemporaine afin de les faire dialoguer.

Voyez comme nous avons accompli nos rites romains : les membres d’Alarbus sont dépecés, et ses entrailles alimentent le feu du sacrifice, dont la flamme parfume le ciel, comme un encens. Il ne nous reste plus qu’à enterrer nos frères, et à les accueillir dans Rome au bruit des fanfares.

William Shakespeare Titus Andronicus

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Affiche de Nos Héros de Cendre, projet de création de la Compagnie des myosotis, d'après Titus Andronicus, de William Shakespeare, un texte original de Catherine Decastel.
Nos Héros de Cendre, projet de création de la Compagnie des myosotis, d’après Titus Andronicus, de William Shakespeare, un texte original de Catherine Decastel.

Crédits Photos : Jérôme Bessout et Catherine Decastel.