Mon petit poney

d’après Confession d’un masque et la vie de l’auteur Yukio Mishima

Théâtre

J’observais le jeune homme avec une attention insolite de la part d’un enfant de quatre ans. Bien que je ne m’en rendisse pas clairement compte à l’époque, il représentait à mes yeux la révélation d’un certain pouvoir, le premier appel que me lançait une certaine voix étrange et secrète.

Confession d’un masque de Yukio Mishima

Dates à venir

  • Sortie de résidence
  • La villa mais d’ici : juin 2017

Durée

  • 1h

Public

  • À partir de 15 ans

Équipe

  • Mise en scène : Romain Blanchard
  • Comédiens : Yann Métivier et Daniela Molina Castro
  • Musique : Pierre-François Blanchard
  • Scénographie et création lumières : Vincent Bourcier

Partenaires

  • La Compagnie des Myosotis est en résidence permanente à la Villa Mais d’ici, fabrique de culture à Aubervilliers depuis septembre 2016.

Coproductions envisagées

  • En cours

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Photographe Van Rensbergen

Aux origines du projet

En 1945, Mishima Yukio, alors très jeune homme, voit l’invasion militaire et culturelle américaine. Et la violence de cette invasion est encore accentuée par la révélation de son homosexualité. Il essayera d’abord de refouler ce bouleversement de son intimité, puis il tentera de la sublimer en se construisant un masque. Ce masque sera composé de références à un Japon impérial fantasmé et à une illusion de pureté. L’écrivain tentera d’échapper à sa condition en vivant une relation platonique avec la jeune Sonoko. Le Japon ancien – idéalisé – deviendra ainsi une expression de son désir d’échapper à lui-même.

Mais en lui naissent des désirs violents, invasifs, brutaux, et les jeunes hommes l’attirent de plus en plus. Ceux qui l’attirent sont, comme en réponse à son masque , les hommes les plus violents et les plus vulgaires.

Comme le Japon est tiraillé entre ses origines et les séductions de la modernité, Mishima se retrouve entre deux mondes inconciliables. Il est déchiré entre son désir esthétique et son désir charnel.

Mishima se lance alors dans une quête auto-érotique, et auto-héroïque : il radicalisera son masque en tentant de devenir lui-même une œuvre d’art, un objet de fantasme, une représentation de la virilité. Et cette représentation deviendra, paradoxalement, l’expression la plus parfaite de ses véritables désirs.

L’auteur

Yukio Mishima est un auteur majeur de la scène littéraire japonaise de la seconde moitié du vingtième siècle. Son œuvre sera le reflet de son tiraillement entre  les exigences sociales de son pays et son homosexualité. Le suicide de Mishima par seppuku après une tentative avortée de coup d’état aura un grand retentissement au Japon et dans le monde.

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Photographe Van Rensbergen

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Photographe Van Rensbergen

Note d’intention : le héros brisé

Mishima Yukio est devenu une icône. Sa vie est une performance artistique à la fois extraordinaire et controversée.

Le personnage héroïque et fantastique marche aux côtés de son double humain. Mais au plus haut sommet de l’héroïsme et du spectaculaire, la faille finit toujours par transparaître. L’écrivain imagine son suicide comme un testament esthétique, un dernier acte de beauté. Or rien ne se passe comme prévu. L’homme chargé de couper la tête de l’écrivain ne sait pas manier un sabre, et la belle fin se transforme en boucherie. Le metteur en scène aimerait travailler sur ce moment particulier où le masque se brise. La quête de pureté esthétique se transforme en un moment de tragi-comédie involontaire. Ce moment révèle de la façon la plus douloureuse la nature humaine du héros et son incapacité à prévoir.

L’humain est celui qu’on recherche. Ou plutôt, l’humain est ce qui nous recherche. Il est cette petite musique qui s’infiltre, qui pénètre le masque, et qui finit par le briser.

Il est significatif que ceci se soit d’abord manifesté à moi sous la forme d’un vidangeur : l’excrèment est un symbole de la terre et c’était sans aucun doute l’amour malveillant de la Terre Nourricière qui m’appelait.

Confession d’un masque de Yukio Mishima

Le plateau, l’esthétique

Sur le plateau tout sera double et sous le signe de la rupture, d’un côté le double désir esthétique et charnel, de l’autre côté, la rupture culturelle de la société japonaise, partagée entre un passé national idéalisé et l’invasion de la culture américaine avec ses couleurs brutales, le sucre ajouté au CocaCola.  On figurera le rapport de Mishima à lui-même (et sa tendance à l’onanisme, ce qu’il nomme ses « mauvaises habitudes ») et l’impossibilité de rencontrer la jeune femme Sonoko – qu’il s’efforcera désespérément d’aimer selon ses critères esthétiques.

La scénographie figurera à la fois la salle de jeu de l’enfance de Mishima et le bureau du général des forces d’auto-défense où il terminera sa vie. Un lien de naissance et de mort.

Cet espace du double, de la pénétration, du miroir, se fissurera peu à peu, s’écroulera. Et derrière, il y aura un autre décor, un nouveau monde.

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Photographe Van Rensbergen

J’eus alors le pressentiment qu’il existe en ce monde une sorte de désir pareil à une douleur aigüe. Levant les yeux vers ce jeune homme sale, je me sentis suffoqué par le désir en pensant : « Je veux me changer en lui, je veux être lui. »

Confession d’un masque de Yukio Mishima